L’Afro Fusion Festival, vitrine de la diversité en Suisse romande, raconté par son fondateur et directeur, Tidiane Diouwara
Photos dans l’article: MIA, SnipeShotPhotography.com
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Afro Fusion Festival
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Tidiane Diouwara, fondateur de l’Afro Fusion Festival, nous dévoile les coulisses de cet événement phare qui célèbre la diversité culturelle africaine en Suisse depuis près de dix ans. Avec passion et engagement, il partage son parcours, les défis relevés et ses ambitions pour l’avenir d’un festival devenu symbole de cohésion et de vivre-ensemble.
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Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous présenter Monsieur Tidiane Diouwara, un homme dont l’énergie et la passion ont donné naissance à l’Afro Fusion Festival, un événement devenu incontournable pour tous ceux qui souhaitent découvrir et célébrer la culture africaine en Suisse romande. Depuis près de dix ans, ce festival, le plus grand open air africain de Suisse romande qui attire plus de 20’000 visiteurs, nous présente la musique, la danse, l’artisanat et la gastronomie, et d’autres activités, nous faisant découvrir les multiples richesses de la culture africaine.
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Tidiane est bien plus qu’un organisateur; c’est une âme généreuse, toujours souriante, qui a su fédérer autour de lui une communauté prête à partager les valeurs de diversité et de convivialité. Aujourd’hui, il nous parle de son parcours, de ses motivations profondes, et des moments qui ont marqué l’histoire de ce festival. Nous allons découvrir ensemble un homme qui, au-delà des paroles, fait bouger les choses pour le bien de tous.
Nous le recevons dans l’un des espaces verts les plus fréquentés de Lausanne, l’Esplanade de Montbenon, qui accueillera le festival du 22 au 25 août.
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Monsieur Diouwara, quel est votre rapport à la Suisse?
Tout d’abord, merci pour l’invitation. Mon rapport à la Suisse est très profond. Cela fait plus de 30 ans que je réside ici, c’est devenu mon pays. Mes enfants sont nés ici et sont aussi Suisses. La Suisse est un pays multiculturel, et j’ai toujours défendu cette idée d’un pays où tout le monde peut vivre en paix. J’aime cette Suisse et je la promeus partout, en Afrique et ailleurs. La Suisse, où francophones, germanophones et italophones vivent ensemble en harmonie, c’est celle que j’aime.
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Vous êtes le fondateur de l’Afro Fusion Festival (ci-après LAFF). Pouvez-vous nous expliquer le processus de création de cet événement?
Le festival n’est pas juste lié à moi, il y a une équipe derrière qui travaille dur toute l’année. Le festival est né grâce à l’association CIPINA, le Centre d’Information et de Promotion de l’Image d’une Nouvelle Afrique. Le but est de donner une image positive de l’Afrique et des Africains en Suisse. Nous combattons les stéréotypes et montrons que les Africains ici sont bien intégrés. Le festival a été créé en 2016 pour exposer la richesse de la culture africaine et des talents africains. Le parc de Montbenon est parfait pour montrer cette diversité. J’ai été soutenu par des amis toujours présents dans le comité d’organisation, composé de Suisses et d’Africains. Je souhaite léguer ce festival et ses valeurs aux générations futures.
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Comment avez-vous réussi à organiser le festival à Lausanne depuis 9 ans et obtenir la confiance des autorités?
Lausanne est une ville très ouverte, la capitale olympique, avec des valeurs d’accueil. La ville a été dirigée par des forces politiques ouvertes à la mixité et au vivre-ensemble. J’ai présenté un projet fédérateur qui a convaincu les autorités. Le festival permet des rencontres positives entre communautés. Les autorités ont facilité les choses car le projet était bien préparé et professionnel. Nous avons trouvé rapidement des partenaires locaux et internationaux, comme l’Organisation Internationale de la Francophonie, ce qui a renforcé notre crédibilité.
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Quel est votre moteur après plusieurs décennies en Suisse, avoir fondé une famille, travaillé sur le territoire et créé un festival qui va bientôt fêter sa 10e édition?
J’ai toujours envie de continuer car je pense pouvoir encore apporter quelque chose à la communauté et au vivre-ensemble. Il est important de transmettre le pouvoir. Je souhaite que le festival soit dirigé par des jeunes partageant nos valeurs, pour qu’il aille encore plus loin. La place de la communauté africaine en Suisse doit être défendue par tous, Africains et Suisses. Il faut beaucoup d’énergie, de compétences et de professionnalisme pour réussir. J’ai eu la chance de faire des études et de travailler dans de grandes organisations internationales. Avec un bon réseau et une bonne santé, je continuerai. Mais il faudra un jour passer le relais.
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Comment envisagez-vous le développement de l’Afro Fusion Festival ?
Notre objectif est de grandir et de décentraliser un peu le festival. La place principale restera le parc de Montbenon, mais nous prévoyons de faire des concerts à différents endroits de la ville. Cela permettra d’offrir plusieurs scènes et pistes de danse. Le public est là, et nous devons utiliser différents lieux pour impacter la ville et le public. Le festival propose divers styles de musique avec une base africaine, mais aussi afro-latine et autres. Cependant, l’essence du festival reste la musique africaine.
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Quelle est la durée de préparation du festival en amont ?
La préparation commence en octobre et dure jusqu’à juillet. Nous finissons de ranger à la fin août, faisons une pause en septembre, puis recommençons en octobre pour l’édition suivante. Cela représente 9 à 10 mois de préparation. Nous avons 70 bénévoles et un comité d’organisation d’une dizaine de personnes, tous bénévoles y compris moi-même. Une fois que j’ai fixé les grandes lignes du festival, une équipe compétente s’occupe d’exécuter et de gérer tous les détails. Je supervise l’ensemble et nous trouvons des solutions aux problèmes qui surviennent. Nous avons une équipe fidèle et bien rodée, ce qui est essentiel pour la réussite du festival.
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Quels sont les défis et les grands challenges que vous avez dû relever ?
Je suis fier d’avoir réussi à maintenir le cap jusqu’à présent. Nous sommes toujours là 9 ans plus tard et espérons fêter les 10 ans l’année prochaine. J’ai appris à anticiper et à gérer les imprévus. Nous devons être prêts à tout. Par exemple, si un problème électrique survient, il faut le régler immédiatement. Gérer les imprévus et réussir à ce que tout se passe bien est très gratifiant. Nous rencontrons des personnes extraordinaires et vivons des anecdotes enrichissantes. Tant que nous donnons du bonheur aux gens, nous continuerons à relever des défis, surtout pour la 10e édition anniversaire l’année prochaine.
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Quelle est la dynamique des partenariats au niveau des secteurs économiques et sociaux avec l’Afro Fusion Festival ?
Nous avons une belle collaboration avec la ville de Lausanne, le canton et l’office de tourisme. Ces partenariats maintiennent le profil du festival et le rendent visible au plus haut niveau. Nous avons aussi des partenariats avec des entreprises locales, comme des sociétés de téléphonie mobile et de transfert d’argent. Cela a été un combat personnel pour convaincre ces partenaires, mais leurs soutiens sont maintenant solides. Nous avons aussi des partenariats avec des ambassades africaines en Suisse. Pour toutes ces raisons, nous sommes sur une très bonne voie.
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Le modèle économique du festival fonctionne-t-il ?
Oui, notre budget est équilibré. Les premières années ont été compliquées, mais depuis la troisième année, nous sommes relativement stables. Nous avons eu de très bonnes années et des moins bonnes, comme pendant la période de COVID. Globalement, nous ne sommes pas dans les chiffres rouges et nous devons maintenir notre bonne gestion.
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Quelle est votre stratégie en ce qui concerne le booking des artistes ?
Nous privilégions la promotion des jeunes talents locaux. Bien que nous puissions faire venir des têtes d’affiche comme Youssou N’Dour ou Fally Ipupa, nous préférons découvrir et promouvoir de nouvelles pépites musicales au festival.
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Avez-vous un message final pour nos lecteurs ?
Je suis comme un grand frère, ouvert à toutes les générations. Mon projet est destiné à être transmis à une nouvelle génération. Mon message est que tous les organisateurs d’événements africains en Suisse devraient travailler ensemble. Les divisions et querelles intestines ne servent à rien. Ma porte est ouverte à ceux qui ont besoin de conseils et d’accompagnement. Il est important d’être sérieux, discipliné, professionnel et d’avoir des compétences. Il faut aussi un peu de chance et trouver les bons partenaires. Le défi est de trouver les finances pour monter un festival, souvent à nos propres frais au départ. Il faut montrer ce que l’on sait faire et les partenaires viendront ensuite. Quand on lance un festival, on devient un entrepreneur. Ma porte est ouverte pour partager mon expérience et aider ceux qui veulent promouvoir positivement la culture africaine.
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Monsieur Tidiane Diouwara nous a offert un regard authentique sur l’Afro Fusion Festival, un événement qui, depuis près de dix ans, fait rayonner la culture africaine en Suisse. Avec une passion et un dévouement remarquables, il a su créer bien plus qu’un simple festival; il a tissé un lien unique entre les communautés, offrant un espace chaleureux de rencontre et de partage.
À travers son histoire, nous découvrons un homme profondément engagé à transmettre des valeurs de convivialité, de respect et de diversité, tout en préparant un avenir prometteur pour ce festival. Son enthousiasme et sa détermination sont contagieux, et il est clair qu’il continue à faire de l’Afro Fusion Festival un modèle inspirant de cohésion et de vivre-ensemble.
Nous remercions chaleureusement Tidiane pour ce moment de partage et lui souhaitons, à lui et à son équipe, tout le succès qu’ils méritent pour les années à venir et plus particulièrement pour cette édition.
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