
RDC : L’ONU adopte une résolution historique face à l’urgence humanitaire et aux violences dans l’Est du pays

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a tenu une session extraordinaire sur la situation en RDC, marquée par des violences meurtrières et une crise humanitaire alarmante. Face aux tensions diplomatiques et aux accusations graves, une résolution historique a été adoptée à l’unanimité. Quels enjeux et quelles conséquences pour la région ?
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Editorial de Philippe Spider Liondjo
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Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a tenu une session extraordinaire sur la situation des droits humains dans l’est de la République démocratique du Congo le vendredi 7 février 2025.
La session a débuté à 10 heures dans la salle XX du Palais des Nations à Genève. La réunion a été retransmise en direct sur le webcast de l’ONU dans les six langues officielles des Nations Unies.
Cette session extraordinaire avait été convoquée à la suite d’une demande officielle soumise le lundi 3 février 2025 par la République démocratique du Congo (RDC).
Soutien international
Pour qu’une session extraordinaire soit organisée, le soutien d’un tiers des 47 membres du Conseil – soit au moins 16 États – était nécessaire. Cette demande avait reçu l’appui initial de 27 États membres, dont : l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Allemagne, la Belgique, la Bulgarie, le Burundi, le Chili, la Chine, la Côte d’Ivoire, la France, le Gabon, le Ghana, le Japon, le Luxembourg, le Malawi, le Mexique, les Pays-Bas, le Paraguay, la République de Corée, la Roumanie, le Royaume-Uni, le Sénégal, la Slovénie, le Soudan, l’Ukraine, les États-Unis et la Zambie.
Au total, la demande a été soutenue par plus de 30 pays, membres et non membres du Conseil.
Cette session a été convoquée dans un contexte de préoccupations croissantes concernant la situation sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC. Lors des discussions, plusieurs intervenants ont exprimé leur inquiétude face aux violences, notamment celles perpétrées par des groupes armés.
Déroulement de la session et accusations contre le Rwanda
Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies, Volker Türk, a rappelé que depuis fin janvier, les affrontements avaient causé environ 3 000 morts et 2 900 blessés, tout en soulignant que ces chiffres pourraient être sous-estimés.
Il a également mis en évidence le rôle des rebelles du M23, qui, avec le soutien d’environ 4 000 soldats rwandais, avaient récemment pris le contrôle de la ville stratégique de Goma, aggravant ainsi la crise humanitaire.
Invité à prendre la parole, le ministre de la Communication de la RDC, Patrick Muyaya, a exhorté le Conseil à tenir le Rwanda responsable des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, accusant Kigali de déplacements forcés de populations et d’une occupation illégale de territoires congolais.
En réponse, l’ambassadeur James Ngango, représentant permanent du Rwanda auprès des Nations Unies à Genève, a rejeté ces accusations. Il a affirmé que des groupes armés impliqués dans le génocide rwandais de 1994 opéraient depuis la RDC, représentant une menace pour la sécurité du Rwanda.
Réactions internationales et tensions diplomatiques
Après ces déclarations, Madame Bintou Keita, représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC et cheffe de la MONUSCO, a exprimé sa profonde préoccupation face à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC.
Ensuite, plus d’une quarantaine de pays ont pris la parole :
- Certains États ont explicitement désigné le Rwanda comme pays envahisseur.
- D’autres, plus diplomates ou prudents, ont uniquement mentionné le M23.
- La Chine et la Turquie, quant à elles, ont insisté sur l’idée que seuls les Africains devaient régler ce problème africain.
Décisions prises et adoption de la résolution
À l’issue de la session, le Conseil des droits de l’homme a adopté une résolution condamnant fermement les violations des droits humains et appelant à une enquête approfondie.
Les membres ont insisté sur :
✅ La nécessité d’une assistance humanitaire accrue
✅ Le renforcement des capacités des institutions congolaises
✅ Un engagement accru de la communauté internationale pour favoriser une solution durable à la crise
Dans l’après-midi, le Conseil des droits de l’homme a procédé au vote sur cette résolution visant à mettre en place une commission d’enquête.
Résultat du vote
🔹 La résolution a été adoptée à l’unanimité, malgré la demande de rejet du Rwanda.
La session s’est achevée après plusieurs heures de discussions, au cours desquelles les États membres et les organisations concernées ont exprimé leur engagement en faveur des droits humains et de la paix en République démocratique du Congo.