
1er mai, Fête du travail. Ensemble pour la dignité des travailleurs et travailleuses d’origine africaine en Suisse

Photos : Droits réservés (De gauche à droite: Kanyana Mutombo, Komla Kpogli, Joaquim Mbomio)
Malgré leur présence essentielle dans tous les secteurs de la société suisse, les travailleurs et travailleuses d’origine africaine restent sous-représentés dans les mobilisations syndicales comme celle du 1er mai. L’UPAF et le syndicat Syna unissent leurs voix pour dénoncer les discriminations et appeler à l’organisation collective. Témoignages de terrain.
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Pour la deuxième année consécutive l’UPAF et le syndicat Syna ont défilé ensemble sous la bannière de la dignité de travailleuses et travailleurs d’origine africaine.
Chaque 1er mai, des milliers de personnes descendent dans la rue pour rappeler que le travail mérite respect, justice et dignité. Pourtant, une grande partie des travailleuses et travailleurs en Suisse – notamment celles et ceux issus de la communauté africaine – restent en marge de cette mobilisation. Et cela interroge. Car ils sont là, partout : dans les hôpitaux, sur les chantiers, dans les salles de classe, les bureaux d’administration, les banques ou encore dans les services. Discrets mais essentiels, ils participent pleinement au bon fonctionnement de la société.
Et pourtant, beaucoup subissent en silence. Discriminations à l’embauche, inégalités salariales, difficultés à évoluer professionnellement, sans oublier les agressions verbales ou les microagressions racistes du quotidien – ces petites remarques blessantes, parfois banalisées, mais profondément violentes. Tout cela pèse lourd. Et cette accumulation d’injustices laisse des traces, décourage, isole, voire empêche de se sentir légitime pour protester.
Pour M. Kanyana, militant engagé, et M. Kpogli, syndicaliste panafricain, cette réalité ne peut plus être ignorée. Ils lancent un appel clair à la communauté afrodescendante : il est temps de se lever, de prendre part aux luttes sociales, de se syndiquer, de faire entendre sa voix. Car revendiquer ses droits, c’est aussi affirmer sa dignité. Et parce que les Afrodescendants, présents à tous les niveaux de la société, méritent respect, justice et reconnaissance – comme tout un chacun.
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Notre correspondant, M. Joaquim Mbomio, a recueilli les déclarations de Messieurs Komla Kpogli, syndicaliste, et Kanyana Mutombo, activiste.
Témoignages
Komla Kpogli
Secrétaire régional, syndicat Syna
Le 1er mai est pour nous la date par excellence pour porter dans l’espace public la cause des travailleurs les plus discriminés que sont les Afrodescendants. L’UPAF et le syndicat Syna, alliés depuis 2022 pour lutter contre toutes les discriminations racistes, particulièrement au travail, ont déjà traité des dizaines de cas de racisme au travail.
Nous allons continuer ce combat pour que la dignité des travailleuses et travailleurs d’origine africaine en Suisse soit respectée. Personne d’autre ne fera ce combat à notre place. Voilà pourquoi nous appelons ces travailleuses et travailleurs à nous rejoindre.
Témoignage de Kanyana – Premier Mai
« Nous avons manifesté pour la dignité des travailleuses et travailleurs d’origine africaine. L’autre aspect très important, c’est le fait que, effectivement, le Premier Mai, c’est une manifestation, un défilé, des revendications, etc. Mais on voit très peu de Noirs, alors que la plupart des Africains d’ici, à Genève, ont presque tous un emploi, ils sont dans le monde du travail.
C’est très regrettable qu’un espace comme le défilé du Premier Mai ne soit pas investi par les Noirs. Toutes les nationalités sont présentes sauf les Africains. C’est très dommage.
Les espaces comme le défilé du Premier Mai sont comme une continuation de l’activité qu’on a en tant qu’activiste ou militant dans divers domaines. Ce jour-là, il faut aussi être présent, marquer sa participation.
À partir de là, moi-même, personnellement, j’ai décidé de pouvoir participer à cette manifestation, pour marquer notre présence, même si c’est minime, mais déjà très fort en symbole, d’autant plus que la thématique de cette année était la lutte contre la xénophobie. Sur ce plan, nous avons fait de notre mieux ».
Suite de la déclaration de Monsieur Kanyana Mutombo
« Nous avons manifesté pour la dignité des travailleurs, en particulier ceux qui viennent d’Afrique et qui pensent trouver une meilleure vie, c’est-à-dire un emploi rémunéré correctement, mais qui peuvent être exploités. Le terrain du travail est un terrain névralgique, stratégique, qui devrait pousser n’importe quel Africain à se renforcer.
Malheureusement, il y a toujours cette peur que, si l’on se syndique, le patron peut-être n’apprécie pas, etc. Mais quand on a des problèmes, plus de la moitié des problèmes auxquels sont confrontés les Africains au travail sont des discriminations. Je pourrais même dire à nonante pour cent.
Mais quand cela arrive, c’est très difficile de s’en dépêtrer. Effectivement, à ce moment-là, la personne pense à se syndiquer. Nous, les cas qu’on a eu à traiter, sont des cas qui arrivent en retard. Il fallait trouver les ressources pour pouvoir faire comprendre au patron ou, en tout cas, au dirigeant d’entreprise ou d’institution qui était plus ou moins confronté à cela, la gravité des faits.
On est arrivé à gagner beaucoup de causes, car l’alliance entre Syna et l’UPAF agit comme un élément de dissuasion. Certes, elle ne dissuade pas un patron d’être raciste, mais lorsque, tout d’un coup, on lui annonce qu’un syndicaliste va débarquer, accompagné d’un activiste des droits humains antiraciste, il devient nerveux. Il sait parler à un syndicaliste, mais il ne sait pas parler à un activiste.
Ainsi, on arrive à lui faire comprendre de traiter correctement son employé. On arrive ainsi à résoudre beaucoup de causes. C’est pour cela qu’il est important pour les travailleurs d’origine africaine de se syndiquer, surtout en milieu urbain, à Genève par exemple.
C’est très positif, parce que la plupart des questions qui se posent sont d’ordre discriminatoire, et avoir un activiste de la discrimination, c’est un facteur qui peut être en leur faveur.
Par exemple, avec des gens qui travaillent dans les institutions financées par l’État, nous avons une sorte de mandat. On est cité comme institution de référence concernant les questions de racisme dans le canton.
Lorsqu’on s’annonce, on voit une certaine fébrilité des gens de cette institution. Ils sont tout de suite dans la défensive, ils s’excusent, etc. Le syndicalisme, c’est une chose qui peut jouer en faveur de la travailleuse et du travailleur ».
Conclusion
Les témoignages de Komla Kpogli et de Kanyana rappellent une réalité souvent ignorée : les travailleuses et travailleurs afrodescendants sont à la fois omniprésents dans le tissu professionnel suisse et invisibles dans les espaces de mobilisation sociale. Le combat mené par l’UPAF et le syndicat Syna montre qu’il est possible de faire bouger les lignes, à condition de s’organiser, de se soutenir et de revendiquer collectivement ses droits.
Face aux discriminations persistantes, se syndiquer devient un acte de résistance, mais aussi de dignité. Il est temps que celles et ceux qui subissent en silence trouvent leur place dans les luttes sociales, pour une société plus équitable, où chacun et chacune est reconnu·e et respecté·e.
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